Herreros au Kamerun- L’hécatombe en 1911

Rapports officiels sur l’état sanitaire des déportés en 1911

Herreros enchaînés – Namibie

Service médical La 8e Compagnie B. N° 235.

Poste de secours sanitaire
La 8e Compagnie
Dschang, le 12 janvier 1911
Rapport sanitaire :
Sur les Hottentots exilés à Dschang pour le mois de décembre 1910.

Au début du mois, il y avait 2 cas de fièvre typhoïde du mois précédent. L’un d’entre eux a pu être libéré le 20/12, tandis que l’autre est resté dans l’effectif à la fin du mois.
Admission : Pas de nouveaux cas de typhus en attente.
Un des convalescents a eu une parotidite qui s’est résorbée au bout de 5 jours.
Le médecin assistant, le Dr Rücke, a constaté 2 cas de tuberculose pulmonaire et il n’est pas exclu que plusieurs porteurs de la tuberculose se trouvent encore parmi les gens. Un enfant a été traité pour une pneumonie. La mère de ce dernier appartient aux deux tuberculoses susmentionnées.
En dehors d’une brûlure au deuxième degré de faible étendue et d’un accès avec maux de tête, d’autres cas n’ont pas été traités.


Le 1er /2/ 1910.
Il n’y a pas eu de paludisme ni d’autre maladie tropicale. La prophylaxie du paludisme est poursuivie.
Restent en place : 1 typhoïde, 1 parotidite, 1 brûlure.
Le nouveau quartier des Hottentots, composé de 5 pièces d’habitation massives, 1 hôpital, 1 cuisine et 1 closet, est terminé. L’occupation de ce quartier, construit à proximité de l’hôpital de la station et entouré d’un haut mur, permettra un contrôle plus étroit des personnes et un meilleur traitement thérapeutique.

Signé Sommerfeld
Premier lieutenant

Adjudant Sanitaire (Vu)
Trick


Force de protection impériale Douala 24 février 1911
Kamerun
Médecin-chef
En annexe, le rapport sanitaire sur les Hottentots exilés à Dschang pour le mois de janvier 1911 est remis cordialement.

Service de la 8e Compagnie Dschang, 18 février 1911

Au commandant de Soppo Dr Waldoro
Par Médecin-chef
Le commandant de
la garnison de Douala


Service de la 8e compagnie Dschang 18 février 1911

Rapport sanitaire sur les Hottentots exilés à Dschang pour le mois de janvier 1911.

Au 1er janvier 1911, il y avait 6 cas dans l’effectif : 1 convalescence de typhus, 1 avec une pneumonie, 1 avec une parotidite, 1 avec une brûlure au pied, 2 cas avaient un catarrhe de l’apex du poumon avec suspicion de tuberculose.
Ont été admis : 6 cas de paludisme chronique. Aucun d’entre eux n’avait de parasites dans le sang, mais comme la fièvre était due à la quinine, ces cas doivent être considérés comme des cas de paludisme. Deux cas étaient des ulcères de phlébotomes, un cas d’inflammation des tissus cellulaires, deux cas de catarrhe bronchique et un cas de catarrhe de l’apex des poumons.

Il n’y a pas eu de nouveaux cas de typhoïde.
Les catarrhes de l’apex des poumons prennent des formes très malignes avec de petites fièvres fréquentes en raison de la sécheresse actuelle, de l’air poussiéreux et des tempêtes de sable assez violentes à midi. La plupart du temps, il n’y a pas d’expectorations, de sorte qu’il n’a pas encore été possible de procéder à une analyse des bacilles de la tuberculose.
Il serait urgent d’effectuer le plus rapidement possible la réaction à la tuberculine pour diagnostiquer la maladie. Actuellement, la tuberculine n’est pas disponible dans le service.
Selon l’ordre du médecin-chef du 18 novembre, la prophylaxie antipaludéenne devait être poursuivie pendant trois mois.
Ces trois mois sont maintenant écoulés, la prophylaxie est donc arrêtée ; de nouvelles infections ne sont pas à craindre ici et la prophylaxie n’a probablement pas d’influence sur les anciens cas chroniques.
Le 1er février, les Hottentots ont pris possession de leurs nouveaux quartiers massifs, spacieux et aérés. Les toilettes sont séparées.
Il n’y a pas eu de décès.
Vu : Rausch Signé : Dr Rinke
Premier-lieutenant Médecin-assistant
Chef de poste


Service médical Dschang 5 mars 1911
La 8eme compagnie

Bilan de santé

A propos des Hottentots exilés à Dschang pour le mois de février 1911.
Le 1er février, il y avait 3 cas de tuberculose pulmonaire, à savoir un homme et une femme avec enfant.
Au cours du mois de référence, le 23 février 1911, le premier est décédé. L’abduction a montré une couenne de 11/2 cm d’épaisseur dans la poitrine, des foyers de tuberculose de la taille d’un grain de millet dans la pointe du poumon gauche, des tubercules isolés dans les reins, le foie en était parsemé. Le lait était fortement hypertrophié.
La femme susmentionnée et son enfant restent dans l’effectif pour le mois de mars.
Au cours du mois, 3 autres cas de tuberculose sont arrivés, ainsi que 5 cas de catarrhe bronchique, 1 cas de pleurésie, 1 cas d’oreillons, 1 cas de faiblesse générale, 1 cas de gastro-entérite, 1 cas d’amygdalite, 1 cas d’inflammation du tissu cellulaire et un enfant atteint d’une malformation cardiaque congénitale, soit 15 cas au total. Parmi eux, 9 ont pu être libérés comme guéris, tandis qu’en dehors des deux susmentionnés (mère et enfant), il restait : 1 avec faiblesse corporelle générale, 1 avec catarrhe gastrique, 3 avec catarrhe de l’apex des poumons, et 1 avec pleurésie, soit 8 au total.

Malgré la prophylaxie anti- quinine, aucun cas de paludisme n’a été enregistré durant le mois de référence. Le taux de morbidité défavorable est dû aux maladies pulmonaires de ces personnes, puisque la moitié d’entre elles ont plus ou moins souffert des poumons. Avec le début de la saison des pluies, Il faut espérer que l’air se sera à nouveau purifié de la rosée et que les différences de température seront moins importantes, qu’un changement vers une amélioration se produira à cet effet.
Dr. Rücke
Médecin-assistant


Service Dschang 12 avril 1911
La 8e compagnie

Bilan de santé

Rapport sanitaire

A propos des Hottentots exilés à Dschang.

Dschang – 1910

Le 1er mars, l’effectif était de 6 : 1 pour faiblesse corporelle générale après le typhus, 1 pour cirrhose du foie, 1 pour pleurésie, 3 pour catarrhe de l’apex pulmonaire. Dans l’un des cas de catarrhe pulmonaire apical, une récidive secondaire de syphilis s’est produite pendant le traitement.

Sont arrivés en accès 14 : 1 entorse de la cheville gauche ; 1 ostéite, 1 plaie de déchirure, 1 névralgie crânienne, 1 amygdalite, 3 catarrhes bronchiques, 1 sciatique, 1 inflammation du tissu cellulaire et 4 catarrhes de la pointe des poumons. Parmi eux, 12 ont été déclarés guéris ou améliorés et 2 sont décédés.
Un est décédé dans un état de faiblesse générale après une fièvre typhoïde. L’autopsie a révélé, outre d’anciennes cicatrices de typhus dans l’intestin, une dégénérescence du foie et des reins.
L’autre est mort d’un catarrhe pulmonaire aigu après 6 jours d’inconscience et de forte fièvre. L’autopsie a révélé une tuberculose miliaire, une tuberculose pulmonaire et une tuberculose cérébrale.
Il reste dans le groupe : 1 syphilis, 1 cirrhose du foie, 2 catarrhes bronchiques et 2 catarrhes de la pointe des poumons. Le groupe atteint de syphilis présente en outre un fort catarrhe de la pointe des poumons des deux côtés.
Le paludisme n’est pas réapparu chez les Hottentots.
L’état nutritionnel est bon.
Rausch Dr Rinke
Premier lieutenant et chef de poste Médecin-assistant


Service sanitaire Dschang 6 mai 1911

Bilan de santé

Sur les Hottentots exilés à Dschang pour le mois d’avril 1911.

Au 1er avril, l’effectif était de 7 dont 2 pour catarrhe pulmonaire et cirrhose du foie, 1 pour syphilis et 1 pour malformation cardiaque congénitale.
Il y a eu 11 entrées, dont 3 avec des blessures mécaniques, 1 avec des rhumatismes musculaires, 1 avec une amygdalite, 1 avec une pleurésie (récidive) et 1 avec une syphilis congénitale.
11 ont été libérés, dont 10 sont considérés comme guéris. 1 est décédé d’une cyrhose du foie due à une syphilis tertiaire.

Il reste dans l’effectif 7 personnes dont 1 atteinte de syphilis, 1 atteinte de cardiopathie congénitale, 1 atteinte de catarrhe pulmonaire apical, 2 atteintes de catarrhe bronchique, 1 atteinte de pleurésie et 1 atteinte de syphilis congénitale. En outre, 1 femme est décédée de vieillesse sans être malade.

L’état de santé général doit être qualifié de mauvais. Si la moitié des adultes souffrent d’affections pulmonaires, celles-ci se sont améliorées à l’arrivée de la saison des pluies, car la poussière a cessé. Le bacille de la tuberculose n’a pas encore été détecté, car les gens ne toussent pas de crachats clairs.

L’état nutritionnel de la population est bon.

Au Médecin-chef                              Signé Dr Rinke
Douala Médecin assistant


Service médical de Dschang 8 juin 1911
8eme compagnie

Bilan de santé

A propos des Hottentots exilés à Dschang pour le mois de mai 1911

Au 1er mai, 7 personnes étaient malades, dont 1 de syphilis, 1 de cardiopathie congénitale, 1 de pneumonie, 2 de bronchite, 1 de pleurésie et 1 de syphilis congénitale.
Durant le mois, ont été admis : 4 avec une tuberculose pulmonaire ; 1 avec un catarrhe bronchique ; 1 avec un catarrhe pulmonaire apical ; 1 avec une pleurésie, 2 avec une gastro-entérite ; 1 avec un rhumatisme musculaire et 5 avec des maladies externes de localisation légère ; au total 15.
Sur ces 22 personnes traitées, 9 sont sorties guéries ; 5 sont décédées, à savoir 1 de syphilis congénitale, 1 de malformation cardiaque congénitale (enfant) ; et 3 de tuberculose pulmonaire. A la fin du mois, il reste 8 malades : 1 avec … ; 2 avec une pleurésie, 1 avec une pleurésie, 1 avec une tuberculose pulmonaire, 1 avec un catarrhe de l’apex du poumon, 1 avec la syphilis.
L’état de santé des Hottentots en général a été très mauvais au cours du mois écoulé. Presque deux tiers des personnes présentent des symptômes de tuberculose naissante. Toutes les personnes soumises à une vaccination à la tuberculine ont réagi positivement.
Dr Rinke
Médecin- assistant



Service médical de Dschang 14 septembre 1911
8eme compagnie

Rapport

Rapport :
Sur l’état de santé des Hottentots exilés à Dschang.


En octobre 1910, 67 Hottentots en tout sont arrivés à Dschang. Parmi eux, sont morts en l’espace de 11 mois :
En octobre 1910 : 1
En février 1911 : 1
En mars 1911 : 2
En avril 1911 : 3
En mai 1911 : 5
En juin 1911 : 6
En juillet 1911 : 6
En août 1911 : 1                soit un total de  25

Parmi ces 25 morts :
de la syphilis : 1
Pneumonie : 1
Pour la gastroentérite : 1
De la cirrhose du foie :1
Vieillesse : 2
Cardiopathies congénitales : 1
Par épuisement dû à la syphilis : 1
De la tuberculose : 17.

Dans ces 17 cas, la tuberculose retrouvée à l’autopsie, pour la plupart diffuse, rappelle la tuberculose miliaire. Cela prouve que soit le climat local a provoqué une tuberculose latente chez toutes ces personnes, soit la densité de la vie en commun a favorisé l’infection qui n’a pas pu se propager aussi rapidement sous l’autre climat en raison du mode de vie habituel.
On peut également conclure à ce dernier point en constatant que seul un individu présentait une tuberculose pulmonaire ancienne vraiment étendue, mais que la plupart des autres … étaient atteints de tératome et mouraient de symptômes de tératome avec fièvre.

Les 42 Hottentots encore en vie ont tous été vaccinés à la tuberculine après Tirke. La vaccination a été exceptionnellement positive chez 6, positive chez 17, suspecte chez 1, négative chez 18.La vaccination a été exceptionnellement forte positive sur 6, positive sur 17, suspecte sur 1, négative sur 18.
Parmi les 34 adultes la vaccination était positive 22 fois, négative 12 fois, chez les 8 enfants la vaccination était positive 2 fois, négative 6 fois. Parmi les adultes avec une réaction négative 15 avaient des symptômes de catarrhe apical des poumons. Chez les enfants, il n’y avait pas de symptômes pulmonaires, car les Hottentots étaient incapables d’obtenir une expectoration utile.

Ainsi, sur les 67 Hottentots exilés ici, 25,3% sont morts de tuberculose, parmi les survivants, 42 personnes sont certainement tuberculeuses dont, 12 (28,6%) sont fortement suspectées de tuberculose, et seulement 14 (33,3%) sont apparemment saines.. Cette propagation rapide de la tuberculose chez les Hottentots est apparemment due, comme nous l’avons déjà dit, au climat du Cameroun, ce climat auquel ils ne sont pas habitués, la pluviométrie de Dschang étant déjà 4 fois plus élevée que celle du Sud-Ouest-Africain.
Deuxièmement, les problèmes de sable qui prévalent en saison sèche, qui sont aussi très propices à favoriser les catarrhes des voies respiratoires.
Troisièmement, la … cohabitation des Hottentots en prison.
On peut donc supposer que dans 1-2 ans seul un nombre très limité de Hottentots survivra peut-être.

Il semble donc, d’une part, qu’il soit dans l’intérêt de l’humanité de rapatrier les Hottentots le plus rapidement possible. D’autre part, vu l’étroitesse de la station et le climat camerounais si favorable à la tuberculose, la présence d’un tel foyer de maladie représente un danger extraordinaire pour l’Européen qui se trouve à Dschang et il serait donc très souhaitable dans son intérêt que l’enregistrement des Hottentots ait lieu avant la saison sèche et ses tempêtes de sable qui commenceront dans ½ mois.
Dr Rinke


Rapport

Service médical de Dschang 1er octobre 1911
8eme compagnie

Rapport de santé :
Sur les Hottentots exilés à Dschang pour la période du 1er juin au 30 septembre 1911.

Au 1er juin 1911, l’effectif était de 8 : 1 avec une blessure par écrasement, 2 avec pleurésie ; 1 avec un catarrhe gastrique, 1 avec une tuberculose pulmonaire, 2 avec un catarrhe pulmonaire apical, 1 avec la syphilis.

37 personnes ont été admises, dont 1 avec une épididymite, 1 avec un catarrhe intestinal, 1 avec la malaria, 1 avec la sénilité, les autres avec la tuberculose.

Sorties : 6 ont été libérées guéries : 1 avec une épididymite, 1 avec un catarrhe intestinal, 1 avec une pleurésie et 1 avec une blessure par écrasement.

14 sont décédés : 1 de vieillesse, 1 d’une pleurésie, 1 de syphilis et de tuberculose pulmonaire, les 11 autres de tuberculose pulmonaire.

Restent dans l’effectif : 25, tous atteints de tuberculose pulmonaire.
En ce qui concerne l’état de santé général des Hottentots, il est fait référence au rapport exceptionnel du 14 septembre 1911, auquel il n’y a rien à ajouter.

Médecin-chef Dr Rinke
de la troupe de protection Médecin-assistant

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