L’Allemagne et les affaires ouest-africaines

Le correspondant du standard de Berlin télégraphie jeudi soir – L’Angleterre a maintenant reconnu l’Association internationale, et les ratifications du traité seront échangées sous peu. Une nouvelle expédition allemande part au printemps pour le Niger, sous la direction de Herr Flegel, et aux frais du Dr Riebeck, de Halle, qui a construit un bateau à vapeur transportable coûtant 50 000 marks. Il remontera le Niger et la Bénoué, dans le but de fonder des stations allemandes. Le Dr Krauss, jusqu’à présent directeur des expéditions de Riebeck, accompagnera la nouvelle expédition.

Le nouveau Livre Bleu allemand sur les affaires de l’Afrique occidentale est maintenant prêt à être publié, et il attirera certainement l’attention en Angleterre. Il contient en tout quatorze dépêches, dont une de M. Scott, le chargé d’affaires britannique à Berlin, au Dr Busch, datée du 29 août 1884, qui dit ce qui suit :

« J’ai l’honneur de vous informer que j’ai reçu du secrétaire d’État aux Affaires étrangères de Sa Majesté Britannique les informations suivantes concernant les relations entre le gouvernement de Sa Majesté et les chefs indigènes des différentes villes et villages situés sur les rivières du territoire camerounais, et je suis chargé d’en informer le gouvernement impérial. Il y a quelques années, ces chefs ont demandé la protection de Sa Majesté, exprimant le désir urgent de se placer sous la souveraineté britannique. Des pétitions dans ce sens ont été remises, entre autres chefs, par le roi Bele et le roi Aqua, le 7 août 1879 et le 6 novembre 1881. En mars 1882, ils ont été informés que l’affaire serait examinée et qu’ils recevraient d’autres communications. Le consul de Sa Majesté dans le district, qui était alors en congé, a donc été chargé d’enquêter sur les détails, afin de lui permettre de prendre une décision. Il a visité le territoire en novembre 1882, et pendant son séjour, les indigènes de Bimbia ont également demandé l’annexion. En avril 1883, le roi Bele et le roi Aqua écrivirent à nouveau : « Nous ne pouvons permettre à aucun autre gouvernement que le gouvernement anglais d’annexer nos terres. Nous avons de notre plein gré invité le gouvernement britannique à prendre notre terre sous sa protection, et nous attendons presque quotidiennement la réalisation de nos souhaits. » Les circonstances ont empêché le retour du Consul de Sa Majesté dans le district jusqu’au mois de mai de cette année. Il est parti avec l’ordre d’accepter sous certaines conditions la cession du territoire camerounais, et aussi de placer le territoire de la baie d’Ambas, où il y a depuis longtemps une implantation britannique, sous la protection et la surveillance de la Couronne britannique. »

Une autre de ces dépêches est un ordre au Ministre Prussien à Hambourg de s’enquérir auprès des sénats des villes hanséatiques de leurs souhaits concernant la protection ou la représentation du trafic allemand en Afrique occidentale. Le ministre répond que Brême désire l’apparition d’un navire de guerre allemand sur la côte africaine afin d’inspirer un plus grand respect pour le drapeau allemand parmi les habitants, qui sont souvent excités contre la concurrence allemande par les commerçants français. Il est en outre suggéré qu’il serait possible de conclure un traité avec les habitants afin d’empêcher toute interférence avec le commerce allemand.

De Hambourg, un mémorandum exhaustif a été envoyé, exposant en détail, avec de nombreuses statistiques, les souhaits des commerçants hambourgeois. Ils demandent, entre autres, la nomination d’un consul allemand sur la Gold Coast, des traités avec l’Angleterre et peut-être la France, garantissant aux Allemands des droits égaux dans leurs colonies, la neutralisation de l’embouchure du Congo, une station navale allemande à Fernando Po, et l’acquisition par le gouvernement impérial d’un district approprié pour l’établissement d’une colonie commerciale dans la baie de Biafra.

Le gouvernement a alors envoyé le Dr Nachtigal dans sa mission bien connue, afin, selon ses instructions, « de protéger les sujets de l’Empire sur la côte ouest de l’Afrique de la position qu’ils ont acquise et de leur assurer la capacité de se développer davantage. » Dans ce but, « Sa Majesté l’Empereur, au nom de l’Empire, a décidé de prendre des mesures pour la protection des Allemands et de leur commerce dans les différents districts de la côte. »

Les instructions expliquent ensuite qu’il n’est pas prévu de fonder une administration étendue, comprenant de nombreux fonctionnaires et garnisons, et que le Dr Nachtigal est chargé de porter son attention principalement sur Angra Pequena et la côte entre le delta du Niger et le fleuve Gabon, en particulier en face de Fernando Po, en allant aussi loin que possible à l’ouest de l’embouchure du fleuve Cameroun. Il est mentionné que le roi du Petit-Popo avait demandé un protectorat allemand afin d’éviter l’annexion.

Ces instructions contiennent la confirmation la plus complète du fait que l’Allemagne souhaite agir en Afrique occidentale en accord complet avec la France, et une dépêche ultérieure informe le comte Hohenlohe à Paris de la volonté du gouvernement impérial d’annuler toute partie des instructions du Dr Nachtigal entrant en conflit avec les intérêts français au sud du Petit Batanga. Des copies des lettres, télégrammes, traités, etc. du Dr Nachtigal sont également fournies et, enfin, le Livre bleu publie la circulaire adressée aux représentants allemands à l’étranger, les enjoignant d’informer les divers gouvernements auprès desquels ils sont accrédités que l’Allemagne a pris sous sa protection :

En territoire togolais, les ports de Lomé et de Bagida ; dans le district de la baie du Biafra, Bimbia et l’île de Nicol ; en territoire camerounais, Malimba et la côte jusqu’à la partie nord de la Petite Batanga, et la plantation d’Eriby (Kribi ?); plus au sud, la côte entre le cap Frio et le fleuve Orange, à l’exception de la baie de Walfisch. Les acquisitions ont été proclamées en hissant le drapeau de guerre impérial et en érigeant des postes frontières. Une suite rapide du Livre Bleu est promise.

The Leeds MercuryAngleterre, Samedi 6 décembre1884 (traduit)

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