Rapports sanitaires de 1910
Rappel:
93 herreros (Namibie) ont été déportés au Kamerun sous occupation allemande, dont 26 hommes, 40 femmes et 27 enfants. Dans cet article sont repris les courriers officiels relatifs à leur séjour en déportation dans ce pays.
1. Courrier relatif à l’intendance
Les repas des Hottentots sont initialement basés sur les tarifs suivants :
Par personne et par semaine.
Jusqu’à 7 livres de riz en alternance avec du maïs, des bananes plantains, du macabo ;
Jusqu’à 250 gr de café;
Jusqu’à ½ livre de sel ;
Jusqu’à 3 livres de biscuit;
Jusqu’à 1 livre de viande ou de morue salée;
100 gr. de savon ainsi que des allumettes selon les besoins.
Le prix de cette ration hebdomadaire est d’environ 2,45 marks.
Les tarifs des repas ci-dessus s’appliquent pour les deux premiers mois à compter de l’arrivée afin de faciliter l’acclimatation. Passé ce délai, le tarif repas applicable aux soldats doit être pris comme base. Les frais encourus sont à compenser au titre des Hottentots exilés. Le 1er de chaque mois, des rapports sur l’état de santé des Bannis doivent être soumis.
Au commandement de la garnison Douala.
signé : Gouverneur Seitz
Rapports sur l’état de santé des déportés
Force impériale Douala, le 23 juin 1910
Kamerun
Médecin chef
Service sanitaire
Copie ci-jointe pour information de la demande d’envoyer le 1er de chaque mois un rapport sur la santé des Hottentots bannis.
Service médical Médecin-chef f. No 68/10 Douala, 25 juin 1910.
Imperial Schutztruppe Duala, 10 juin 1910. Cameroun
Médecin-chef
Rapport Sur l’état de santé des Hottentots au 1er juin 1910 selon Jans.
Arrêté du 9 mai 1910 G. I.
Le programme peut concerner 20 des 90 Hottentots, à savoir :
5 hommes;
5 femmes;
3 garçons;
5 filles;
1 homme est décédé d’insuffisance cardiaque ;
1 garçon atteint de rougeole (rougeole) et de pneumonie.
2 femmes, 1 garçon et 1 fille sont guéris de sorte que 4 hommes, 1 garçon et 4 filles restent dans le groupe.
Les Hottentots restants souffrent constamment de toux, de rhumes, qui, avec l’aide de médicaments administrés par voie interne, peuvent simplement garder la capacité de travailler.
La livraison de couvertures chaudes et de tissus pour confectionner les vêtements très déchirés serait moins chère… L’apport de nourriture est tout juste suffisant pour soulager les hommes en bonne santé dans des situations de travail difficiles. En conséquence, la capacité de travail peut être fortement réduite, si ce n’est supprimée, en raison de la faible variété des aliments choisis.
C’est aussi la raison pour laquelle les femmes hottentotes, habituées à beaucoup de travail dans leur tribu, ne peuvent pas être amenées à travailler pour le moment. En plus de l’absence de variété et de l’insuffisance de nourriture, elles souffrent également des effets du changement de climat.
Les Hottentots ne s’acclimateront jamais, au contraire, ils deviendront une charge pour le gouvernement sans pouvoir travailler. Il n’est donc pas possible de faire abstraction de ce que nous avons présenté dans le dernier rapport, car il faut s’attendre, en cas d’épidémie, à une extinction massive des Hottentots encore présents et il est à craindre que les yeux des Blancs de Duala se posent avec un grand intérêt sur ce peuple en voie de disparition..
2.
Force impériale Douala, le 21 juin 1910
Kamerun
Médecin chef
En réponse à la lettre du gouvernement du 19 mai 1910, (amendement de G. B. I, trouvé n° 1. du 27 avril, paragraphe 6.) Je rapporte ce qui suit au commandement impérial : Jusqu’à 1 livre de viande par tête et par semaine ne suffit pas pour les Hottentots émaciés ; ceux-ci nécessitent au moins 125 g par jour sans gaspillage. La restauration sous-jacente ne comprend pas de saindoux qui est absolument nécessaire.
Il est impossible que des gens aussi misérables et dégradés soient déjà acclimatés au bout de deux mois, et j’attire d’emblée l’attention sur le fait qu’après ce délai, si l’on ne veut pas laisser les Hottentots mourir de faim, il faudra continuer à les nourrir.
En ce qui concerne le régime alimentaire, je me permets de demander humblement si le jugement d’expert (compétent) du médecin-conseil Dr. Gühner a été respecté.
Au lieu d’allumettes, il serait peut-être préférable de donner du tabac aux Hottentots ; un stimulant presque indispensable pour la santé des gens.
Pour éviter l’infection par les phlébotomes, les Hottentots doivent recevoir des chaussures qu’ils peuvent fabriquer eux-mêmes en achetant de la peau de bœuf.
Au rapport du 30 juin 1910.
Dans un amendement au décret du 19 mai 1910, un taux de repas hebdomadaire de 2, 40 marks est accordé pendant 3 mois pour 93 détenus. Comme les enfants ne mangent pas autant que les adultes, des économies peuvent être attendues, l’achat de viande, de poisson, de graisse, d’huile et de tabac peut être utilisé. A moins que les détenus ne soient en possession de vêtements, d’une couverture ou d’un foulard, ils doivent recevoir une couverture et un foulard du type le plus simple. L’administration de chaussures doit être évitée pour le moment, car les détenus ne sont pas habitués à l’utilisation de chaussures. Je constate que les tarifs des repas actuels sont en accord avec le médecin-conseil Dr. Gühne, sont mis en place et doivent être considérés comme tout à fait suffisants pour les personnes en bonne santé. Il appartient désormais au médecin d’empêcher la disparition des détenus grâce à un traitement médical approprié.
Signé Le sous-gouverneur
Force impériale de protection
Kamerun
Douala, 5 août 1910
Bilan sanitaire des Hottentots en juillet 1910.
Fin juillet, 4 hommes et 5 enfants restent dans le groupe.
En juillet 1910, 5 hommes, 5 femmes, 5 garçons et 5 filles sont admis. 4 hommes, 2 femmes, 5 garçons et 5 filles sont libérés après avoir été guéris.
1 homme et 3 filles (1 dysenterie, 2 pneumonies et pleurésie) sont décédés en juillet.
Fin juin, il restait donc 4 hommes, 3 femmes, 2 garçons et 2 filles.
Les principales maladies rencontrées chez les Hottentots sont la pneumonie, le catarrhe bronchique, des infections stomacales ainsi que la malaria.
Le service de garde quotidien a été de 5h à 10h, la plupart d’entre eux ont pu être envoyés au travail après l’administration des soins. Les nombreux rhumes sont la conséquence du temps froid et de vêtements inadaptés. Les plaintes concernant le peu de variété et le reste ont diminué, le manque de viande se fait encore sentir.
Au Signé
gouvernement impérial Dr. Grief
Par le commandement de la garnison Médecin-chef
Force de protection impériale Douala 1er septembre 1910
Kamerun
Bilan sanitaire des Hottentots en août 1910.
Fin juillet il restait 4 hommes, 3 femmes, 3 garçons et 3 filles.
2 hommes, 6 femmes et 1 fille sont décédés au cours du mois d’août.
Au mois d’août, 2 hommes, 6 femmes et 1 fille sont décédés. Les causes de décès étaient les suivantes : 1 cas de pneumonie, 1 cas de dysenterie amibienne, 3 cas d’insuffisance cardiaque, 1 cas de catarrhe bronchique et de tuberculose miliaire.
Les sections révélaient systématiquement des maladies anciennes qui existaient depuis des années et avaient été contractées dans le pays d’origine. 6 hommes, 4 femmes, 2 garçons et 2 filles ont été libérés comme guéris.
Ainsi, fin août, il restera 3 hommes, 21 femmes, 3 garçons et 3 filles. Ceux qui sont restés souffrent pour la plupart d’épuisement, de catarrhe bronchique et de paludisme. Le dépistage du paludisme a révélé dans la plupart des cas des formes permanentes en grande quantité.
De nombreuses femmes et enfants épuisés sont nourris dans l’hôpital gouvernemental pour hommes de couleur pour recevoir une nourriture plus variée et de la viande fraîche. Après le renforcement de la prophylaxie à la quinine, les nouveaux cas de paludisme n’ont plus été observés.
Sur les 93 Hottentots envoyés en juin, 15 sont morts, pour la plupart des femmes âgées et des enfants.
Il reste donc 78 têtes, dont 3 hommes, 21 femmes, 6 enfants – 30 pour la plupart d’entre eux – sont actuellement malades d’épuisement.
Les vêtements les plus nécessaires ont été confectionnés par les femmes hottentotes elles-mêmes après la distribution des tissus.
Signé : Grief
Médecin-chef
Vu
Ziemann
Médecin-chef
Douala, 1er octobre 1910
Rapport Hottentot
Pour le mois de septembre 1910.
Fin août, 3 hommes Hottentots, 2 femmes, 3 garçons et 3 filles restent dans le groupe. En septembre 3 hommes, 2 femmes, 2 filles et 2 garçons ont été admis.
Au cours du mois de référence, 1 homme, 1 femme, 3 filles et 2 garçons sont décédés.
Les causes de décès étaient les suivantes : 1 cas avec paludisme persistant, faiblesse cardiaque et épuisement, 1 cas avec otite moyenne et épuisement, 1 cas avec pleurésie bilatérale et paludisme persistant. Une fois guéri, 1 homme a été déclaré guéri et est sorti.
Fin septembre, il y avait 4 hommes, 22 femmes, 3 garçons et 2 filles dans le bâtiment.
Le 30 septembre 1910, 17 hommes hottentots, 10 femmes et 13 enfants se sont mis en marche vers Dschang avec un détachement sanitaire sous la direction du lieutenant Rausch.
Fin septembre, il reste dans les rangs 4 hommes, 22 femmes, 3 garçons et 2 filles. Le 30/9/10, 17 Hottentots hommes, 10 femmes et 13 enfants ont été envoyés à Dangshu avec un détachement sanitaire. Vutshg. sous la direction du premier-lieutenant Rausch.
Dr. Trichs. Médecin-chef.
Télégrammes intermédiaires
a.
Les Hottentots restent provisoirement ici jusqu’à la décision du bureau colonial.
Le Gouverneur
Au Commandant de la garnison à Douala.
Commandement de la garnison N° 650 I
Douala 8 septembre 1910
1) le médecin-chef :
A l’attention de zz. Ziemann médecin-chef.
2) à la compagnie d’origine,
Pour information.
signé Krogh
b. Douala le 21 septembre 1910
Le lieutenant Rausch a transféré les Hottentots à Dschang dans la mesure où ils pouvaient être transportés.
Hansen
Au Commandant de la garnison à Douala.
1) A Monsieur le médecin-chef et à 21/ 9/10 Ziemann le médecin-major.
2) A la compagnie de base.
Pour information et suite à donner. Ordre de départ plus précis pp. A suivre.
Krogh.
c. 23 septembre 1910
Pour le transport des Hottentots à Dschang, le médecin-chef désigne un sous-officier sanitaire et donne des instructions à l’officier sanitaire sur les mesures à prendre pour les Hottentots. Annoncer le nombre et le départ des Hottentots envoyés à Dschang.
Le commandement de la garnison
1) Monsieur le médecin-chef continue 22. 9. 10.
A l’attention de Ziemann médecin-chef.
2) Monsieur le premier-lieutenant Rausch
3) La première compagnie d’appartenance
Pour information et explication.
La 1ère compagnie de base annonce le nombre et le départ ; hommes, femmes et enfants séparés.
signé Krogh
d. Douala, 29 Septembre 1910
Concernant le logement et la surveillance des Hottentots, le lieutenant Rausch se réfère aux décrets du gouvernement G.B.1 secret n° 1. Schutztruppe 3. n° 1202 pour signaler qu’il en a pris connaissance. Les copies des décrets arriveront lundi au poste de Tiko.
Régler les questions nécessaires, organiser l’escorte et le transport. Concernant le ravitaillement pendant le transport, instruction, Rausch de la part du médecin-chef.
Le commandant
e. Douala 5 octobre 1910
Le médecin-chef déplace un sergent médical, qui ne reste plus qu’à surveiller les Hottentots.
14 soldats de la 6e compagnie restent à Dschang jusqu’à nouvel ordre. Logement Hottentot (matériel pour) magasin principal à demander immédiatement.
Le commandant
Service médical
La 8e Compagnie G. n°169/10
Dschang, 8 octobre 1910
Les Hottentots arrivés le 7 octobre ont bien survécu à la marche vers Dschang. Hormis quelques cas de fièvre et des lésions cutanées mineures, les anciennes maladies ne se sont pas produites pendant la marche. A leur arrivée, 2 femmes ont été traitées pour paludisme, 1 enfant pour rachitisme et 2 enfants pour suspicion de tuberculose. L’état de santé général est satisfaisant.
Lire (Gelesen) : Dr. Reicke
Médecin assistant RAUSCH
Premier lieutenant et chef de poste.
Au médecin-chef À Douala.
Force impériale de protection Cameroun.
Douala, 7 novembre 1910.
médecin-chef
Notification selon l’arrêté du gouvernorat B. N° 1 Go. Du 19/06/10 pour le mois d’octobre 1910.
Sur les 29 Hottentots qui sont restés ici à Douala, qui recevaient tous des soins hospitaliers, 2 femmes sont décédées au cours du mois sous revue. La cause du décès était la suivante : 1 cas avec catarrhe bronchique, bar catarrhe et épuisement, 1 cas avec paludisme et coma.
Toutes les autres personnes traitées sont suffisamment rétablies par l’administration d’une nourriture variée (à l’hôpital) pour pouvoir être rendues à la compagnie et être mises en route avec le sergent sanitaire Frick qui partira pour Dschang à la fin du mois. Jusqu’à leur départ pour Dschang, il est cependant indispensable qu’ils continuent à recevoir la même nourriture qu’auparavant à l’hôpital pour se fortifier. Transférer également la décision du Gouvernement à Monsieur le Lieutenant Rausch.
Selon le rapport, quatre des Hottentots de Dschang sont tombés malades avec des symptômes suspects de typhus. Le diagnostic typhoïde a été envoyé immédiatement. D’autres rapports à ce sujet sont toujours en attente.
Signé Ziemann
Médecin-chef.
Bilan sanitaire des Hottentots à la station de Dschang en novembre 1910.
L’état général des Hottentots internés est satisfaisant. Les personnes qui étaient affaiblies après avoir vaincu le typhus se sont rapidement rétablies et il ne reste plus que 2 patients atteints de typhus dans le groupe à la fin du mois. La prophylaxie par la quinine a continué à être pratiquée régulièrement. Les analyses de sang se sont révélées négatives sur les frottis et les gouttes. Au cours du mois sous revue, 2 cas de fièvre de refroidissement, 2 cas de catarrhe bronchique et 2 cas de fièvre typhoïde ont été traités, si bien qu’au total 12 personnes ont été traitées, dont 10 sont sorties guéries et 2 cas de fièvre typhoïde sont restés dans l’effectif.
Signé Pistner Médecin-chef.
Au médecin-chef à Douala
Les Hottentots arrivés le 7 décembre avec le sergent-major sanitaire Frick ont bien supporté la marche vers Dschang. Aucune maladie n’est survenue pendant la marche.
Compte tenu de l’âge avancé et de la faiblesse de certains Hottentots, l’état de santé général peut être qualifié de satisfaisant.
La prophylaxie à la quinine sera maintenue régulièrement et sera encore renforcée.
Au médecin-chef de Douala Pistner -médecin-chef
Source : Goethe Institut et Archives nationales du Cameroun – traduit