1.
Afrique. Construction du chemin de fer au Cameroun
La construction du chemin de fer à voie étroite de Victoria à la zone de plantation de la montagne du Cameroun, dirigée par l’ancien capitaine de la troupe d’infanterie von Besser, progresse rapidement. Une ligne de 7 kilomètres a été achevée et est déjà exploitée par des locomotives. Le chemin de fer a de fortes pentes et des virages serrés à franchir, de sorte que la construction sur le terrain coupé présente de grandes difficultés et nécessite beaucoup de dynamitage et de déblayage.
Malheureusement, d’autres sources ont annoncé en même temps l’assassinat du chef de la station impériale, le comte Kurt Puckler, à Ossidingue, et de plusieurs commerçants, ainsi que la destruction de sites de la société du Nord-Ouest- Cameroun par des indigènes révoltés dans cette région frontalière très éloignée ; mais on n’a pas encore eu connaissance d’une extension de ces troubles.
New Zürcher Nartrichen – 24 janvier 1903 – archives.ch – (traduit)

2.
Berlin 12 février 1904
La Gazette de l’Allemagne du Nord publie cette information :
D’après un télégramme de M. de Puttkamer, gouverneur impérial du Cameroun allemand, le comte Puckler, chef de la station d’Ossidingue, est tombé dans un combat avec les indigènes près de Basso. Une expédition est en route pour châtier les indigènes. On ne connaît pas d’autres détails. Il est probable qu’au cours d’un voyage d’exploration dans les régions encore peu connues de son district, le comte Puckler aura eu des contestations avec la tribu des Anyangs qui ne sont pas encore soumis à la domination allemande.
L’indépendance luxembourgeoise- 12 février 1904 – luxemburgensia.lu
3.
La colonie du Kamerun, ouverte par quelques grandes sociétés commerciales agréées par le gouvernement, s’est imposée de plus en plus comme l’un des territoires les plus éligibles de l’Allemagne. Le gouverneur Von Puttkamer a montré pacifiquement la puissance de l’Allemagne aux sultans mahométans belliqueux qui régnaient sur les régions frontalières du lac Tchad et a entamé la régularisation des frontières avec le voisin français de manière amicale. Malheureusement, dans le même temps, d’autres sources ont annoncé l’assassinat du chef de la station impériale, le comte Kurt Puckler, à Ossidingue, et de plusieurs commerçants, ainsi que la destruction de sites de la société du Nord-Ouest du Kamerun par des indigènes révoltés de cette région frontalière très éloignée ; Cependant, rien n’est connu sur l’ampleur de ces troubles. La construction d’un chemin de fer, qui est entreprise à titre privé, est d’une importance décisive pour la poursuite du développement du Kamerun.
Neue Zürcher Zeitung – 4 mars 1904 – archives.ch – (traduit)
4. Afrique
L’assassinat du comte Puckler au Cameroun est relaté dans le Norbb. Allg. Ztg. Selon le rapport du gouverneur du Cameroun, la première nouvelle de la mort du chef de station, le comte Puckler, survenue le 22 janvier, est parvenue à Duala le 3 février.
Une expédition de recherche et de déminage a été mise sur pied et a quitté Douala le lendemain matin à bord du croiseur du gouvernement « Nachtigal » pour poursuivre ses recherches à Victoria et arriver à Rio del Rey le 5 février et à Ossidingue vers le 14 février.
L’expédition est commandée par le lieutenant Ritschmann. Elle est accompagnée du lieutenant von Puttlis et de 37 hommes de la compagnie d’origine. Par la même occasion, le chef de station Rummes, successeur du comte Puckler, a été envoyé à Ossidingue avec 20 hommes de police. L’état de guerre a été déclaré dans le district jusqu’à l’établissement de conditions correctes.
Ritschmann a reçu l’ordre de nettoyer le nord du Cross de l’ennemi et de sécuriser les points menacés. En même temps, le chef de station et chef de compagnie v. Knobloch à Bomereda, qui n’est qu’à trois ou quatre jours de route du lieu des évènements, a reçu l’ordre d’entrer dans la zone de défense avec une grande partie de la compagnie et de rejoindre la colonne Rischmann dès que possible. Les deux expéditions doivent ensuite se diriger vers le nord sous les ordres de Knobloch, faire un raid à Bosho et nettoyer des rebelles toute la région au nord du Cross le long de la frontière anglaise et la soumettre une fois pour toutes.
Le gouverneur rapporte également que Puckler a entrepris ce voyage avec son autorisation et accompagné de deux représentants de la Société du Nord-Ouest du Cameroun afin d’ouvrir la voie au commerce dans le nord du district avant de partir en vacances. Dans ce but pacifique, Puckler n’avait avec lui qu’une escorte de 30 soldats de la police. Comme il n’avait jamais eu de conflits avec les indigènes lors de ses précédents voyages dans le district, qu’il connaissait la tribu des Anyangs pour l’avoir visitée pendant des années et qu’il la considérait comme totalement démunie, il pensait pouvoir s’en sortir paisiblement.
Malheureusement, Puckler s’est trompé dans le caractère de la population et dans la confiance en son influence sur celle-ci. Il est ainsi tombé dans un piège et a été éliminé avec la plus grande partie de l’expédition. Les membres de la Société du Nord-Ouest du Cameroun, Kuster et Schoof, qui l’accompagnaient, ont également été tués. Il sera donc difficile d’obtenir un récit authentique des évènements.
Luxembourg Wort- 17 mars 1904 – eluxemburgensia.lu – (traduit)
5.
Le temps a reçu des nouvelles complémentaires assez intéressantes sur la situation qui existe dans l’Afrique occidentale. Ces nouvelles lui sont parvenues des stations anglaises situées sur la frontière qui sépare les possessions allemandes du Cameroun et les possessions anglaises de la Nigéria méridionale.
Elles nous apprennent qu’au mois de janvier dernier le comte von Puckler, commandant la station allemande d’Ossidingue, organisa une colonne expéditionnaire contre l’importante tribu des Bari (Bali?). On ignore les raisons qui déterminèrent l’organisation de cette expédition, mais le résultat fut que le comte von Puckler et son escorte de soixante soldats furent cernés et massacrés. Les Baris (Bali?) se portèrent aussitôt vers Ossidingue, dont ils s’emparèrent après 4 jours de siège. Stimulés par le premier succès, les insurgés marchèrent contre Nsanakang, qu’ils atteignirent le 8 février. Cette place, dont la garnison se composait de quatorze soldats et de trois traitants allemands, dut être évacuée après un jour de résistance. Les Bari (Bali?) prirent à Nsanakang un butin qui est évalué à 500 000 francs de marchandises. La dépêche du Temps ajoute que des appels urgents furent adressés aux postes anglais situés sur la rivière Cross, mais ces postes se trouvaient précisément dépourvus de leur complément habituel à cause d’un soulèvement en territoire anglais, près d’Assabo. Les Anglais ne purent donc secourir utilement les Allemands, et ils ne purent même arriver à temps pour empêcher une attaque des Bari contre le poste douanier anglais d’Obokum, attaque qui eut lieu le 10 mars. Sept postes allemands, en tout, ont été saccagés.
Voilà qui donne une idée précise de la gravité de la situation dans l’Afrique occidentale.
Le temps – Belgicapress.be – 3 avril 1904
6. Retour du crâne de Puckler
Figuré dans « l’Anneau des Nibelung ».
Une cérémonie assez impressionnante a eu lieu l’autre jour au mausolée, à Ober « Weistritz », de l’ancienne maison Puckler, lorsque le crâne du comte Kurt Puckler, qui a été assassiné par des indigènes de l’Afrique occidentale allemande pendant l’insurrection, a été enterré avec les honneurs militaires. Le fait qu’au lieu du cercueil habituel, seul un petit cercueil contenant la tête a été porté à la tombe sur le canon. a été transporté sur le char d’assaut jusqu’à la tombe, ce qui suffit à souligner l’histoire de la mort tragique du jeune officier et de la récupération remarquable de son crâne, des années plus tard, auprès d’un guérisseur indigène qui l’utilisait comme fétiche.
Les comtes de Puckler prétendent descendre de ce « Rudiger de Bechelaren » qui figure si bien dans l’Anneau des Nibelungen, et qui est originaire de la petite ville de Bechelaren, aujourd’hui connue sous le nom de Pochlara, sur le Danube, en Basse-Autriche. Le patronyme de la famille était autrefois Pokeler, transformé par la suite en Puckler, et ils ont été élevés par l’empereur allemand au rang de comtes du Saint Empire romain germanique au XVIe siècle. L’un d’entre eux, Henry Puckler, épousa la fille du prince Hardenberg, le principal homme d’État prussien du début du XIXe siècle, qui joua un rôle si important au Congrès de Vienne, et fut élevé par le roi de Prusse au rang de prince Puckler, mais mourut sans descendance, ce qui entraîna l’extinction du titre princier.
Les Puckler, du fait qu’ils ont souvent exercé une petite souveraineté sur le Limbourg, aujourd’hui compris dans le royaume de Wurtemberg, appartiennent aux maisons médiatisées d’Europe et, en tant que tels, ont le droit de s’associer à la royauté sur un pied d’égalité et, bien que simples comtes, ont la préséance sur tous les ducs et princes allemands qui figurent dans la troisième partie de l’Almanach de Gotha. De plus, ils ont droit à la dénomination de « Altesse Sérénissime ».
signé -Marquise De Fontenoy
New-York tribune –Library of congress- 21 novembre 1910 – traduit